La CNT, le syndicat anarchiste, est menacé d’expulsion de son siège
parisien historique rue des Vignoles. C'est dans un autre lieu
emblématique de l’autonomie et de la culture engagée qu'ils ont organisé
leur festival de soutien.
Stands,
éditeurs indépendants de livres, de revues, de disques, permettent de
donner de la visibilité a des idées et a des idéaux qui n'existent
quasiment que dans des lieux comme ça (Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent).
Et pour soutenir la cause, ils ont fait appel à deux artistes proches de cet idéal : Christian Olivier et Dubamix
Christian
Olivier est le chanteur du groupe phare de la chanson française alternative depuis 1989 : les Têtes Raides. Ce n'est pas un groupe que j'aime écouter... honte à moi. Et même que
je n'aime pas entendre. Pourtant tout leur univers me parle, le
graphisme, leurs engagements, leur positionnement face au succès, je lis
toujours avec un grand intérêt leurs (rares) interviews à la presse
etc,... mais ça doit être la musique, ou la voix de Christian Olivier
qui m’empêche d'entrer dans leur univers musical... Bah, chacun ses goûts hein!
Donc
je me suis un peut fait pousser au cul pour aller à ce premier concert
présenté comme "Spectacle, les Quatre sans cou"... il s'agit plus d'une
lecture que d'un concert, Christian Olivier lit des textes sur une nappe
musicale interprétée par un accordéoniste et un guitariste qui fait des
arpèges manouches. Les aficionados des Têtes Raides ont peut-être été
déçus, moi j'ai été ravi. La voix de Christian Olivier est profonde,
grave, théâtrale et... il ne chante pas pendant ce spectacle, c'est un
exercice de lecture. Il récite tantôt debout, tantôt assis à une table
sous une lampe en métal qui ressemble à celles qui étaient installées au
dessus des ateliers de mécanique il y a 50 ans.
Je
n'ai pas reconnu les textes lus, les thèmes abordés sont l’insurrection
parisienne de la Commune en 1871, la Russie et la période révolutionnaire
de 1917, des textes sur la prison, ou un autre sur le non-être qui réfute la possibilité de l’existence d'une déité (probablement du
philosophe antique Gorgias). Certains textes étaient ceux des chansons
des Têtes Raides, mais ils était dits et non chantés. Parfois les textes
étaient ponctués pas les aboiements d'un chien. Je n'en connaissais
aucun et je suis très content d'en avoir découvert de très beaux.
Le
temps d'avaler un hot-dog à la moutarde et le deuxième concert de
l’après midi commençait. Pour le coup c'est le combo que j'attendais, je
ne me suis pas fait prier pour les écouter et je n'ai pas été déçu non
plus.
Le
collectif d'éléctro-dub militant anarchiste Dubamix est dans mes tablettes
depuis un moment, je me souviens d'un concert rue des Vignoles
justement, au siège de la CNT qui s'était tellement bien passé que je
n'ai pas pu le chroniquer ici, la mémoire ne me revenant que par bribes.
Mais en fin d’après midi, un dimanche comme aujourd'hui j'ai les idées
claires, et être parfaitement sobre ne m’empêche pas de dubber avec le
reste de la salle sur les riffs de saxophone ou les samples improbables
(Prokofiev, Leonard Cohen,...) que le combo mixe avec des extraits de
discours politiques, de reportages télé, etc. Ils s'attachent
méthodiquement à briser les frontières musicales et géographiques, en
mixant et en faisant dialoguer basses et rythmiques puissantes de
l'électro-dub, au reggae roots, à un violon tzigane, un oud arabe, un
clarinette klezmer, ou un orchestre symphonique, …
Des
montages vidéos sont projetés derrière les musiciens sur un grand écran.
On y voit des images d'archives, de films dont la musique et les images font
un mélange cohérent qui porte les idées de militantisme et
d'antifascisme qui font la renommée des parisiens anarchistes du Dubamix.