Jusqu'au dernier moment on s'est tâtés pour savoir si on y allait... d'abord un mec qui peint des bonhommes pendant qu'un autre joue de la guitare et ensuite un mec qui joue du saxophone pendant qu'un autre se baigne dans du pétrole. Ça a l'air très expérimental et je ne suis pas sûr, mais pas sûr du tout d’apprécier quand je pars pour Saint-Ouen en ce joli samedi après-midi ensoleillé.
Ligne de Front
Pour assister à la performance qui s'intitule Ligne de Front, on se fait guider jusqu'au parc derrière l'église de Saint Ouen. On s'assied sur des bâches, devant nous des panneaux de bois, un petit ampli de guitare sur la gauche, et cette impression qui revient régulièrement mais qu'on essaye de ne pas exprimer à trop haute voix : "qu'est-ce qu'on fout là? on va se faire chier!".
A la première question, soit "qu'est-ce qu'on fout là?" je réponds : C'est Serge Teyssot-Gay le guitariste. Le mec a un putain de pédigrée, c'est le guitariste de Noir Désir. Outre avoir fait kiffer plusieurs générations de lycéens, dont je fais partie, le guitar-hero français a depuis plusieurs années commis un certain nombre de disques, projets, concerts super intéressants, super inventifs. Pèle mêle, parmi mes préférés : des disques de rap avec la chanteuse Casey, un ciné-concert autour du film le Cabinet du Dr Caligari, des disques avec le joueur de oud syrien Khaled Aljaramani,... Si Sergio a pu me faire apprécier autant d'univers différents tout en y imprimant sa propre personnalité, je suis prêt à lui faire confiance pour m’intéresser à la peinture.
En 1997 sort le maxi L'Homme Pressé de Noir Désir. sur la pochette, la photo d'une peinture de gros bonhomme. On a du mal à en définir l'échelle, mais ça dégage beaucoup de puissance. Au moins autant que la chanson qui est illustrée. C'est une peinture de Paul Bloas. C'est le même Paul Bloas qui commence à esquisser ses peintures sous nos yeux ce soir. Un morceau de charbon au bout d'un manche à balai pour dessiner sur toute la hauteur des deux panneaux de bois de trois mètres de haut.
Serge Teyssot-Gay improvise dans son coin, guitare saturée, abrasive. Même si c'est pour lui que je suis venu, je ne tarde pas à le quitter des yeux pour regarder le peintre grimper sur son escabeau, appliquer des peintures aux couleurs vives à grands coups de brosse, faire naître des expressions et des émotions sous son pinceau, mélanger les couleurs dans un bol avant de les appliquer avec de grands gestes vengeurs sur les deux géants qui se dressent devant nous.
Et tout à coup, presque par surprise, c'est fini. Paul Bloas repose ses pinceaux, il salue avec Serge Teyssot-Gay, on applaudit, encore hypnotisés. Donc à l'affirmation du début "On va se faire chier!" on répond : pas tant que ça. J'ai même passé un excellent moment
Les Corbeaux
Retour à l'Espace 1789 de Saint-Ouen. On hésite longtemps avant de rentrer. Entrés parmi les derniers, on se trouve deux places dans les premiers rangs, mais pas trop loin des escaliers histoire de pouvoir foutre le camp en vitesse.
J'ai plein de disques d'Akosh S.. Je l'ai découvert, lui aussi grâce à Noir Désir, à l'album 666667 Club sur lequel il joue, notamment sur l'incroyable intro instrumentale. Bertrant Cantat chante sur certains de ses albums, et j'ai assisté à plusieurs de ces concerts dans les sous sol enfumés des cafés parisiens. Alors j'ai envie de donné une chance à ce projet qu'il nous présente, même si j'ai un apriori super négatif sur la création de Nadj, Les Corbeaux : sur l'affiche un mec danse recouvert de pétrole gluant.
Il y a Akosh S. au milieu de la scène, il fait sortir les bruits les plus improbables de son saxophone. A sa droite des dessins apparaissent sur un écran de papier blanc. Ça sent très fort la bombe aérosol. On voit l'ombre du danseur qui peint sur la toile qui défile devant lui. Bizarrement, on n'applaudit pas quand le danseur et le saxophoniste viennent en avant scène jouer avec des culasses d’obus et du sable. Ça fait un peu de bruit quand le sable coule sur les culs d'obus.
Puis Akosh joue des percus et d'un genre de contrebasse démontée et montée sur une table basse. Le danseur, après beaucoup de gestes affectés se plonge dans un tonneau rempli de peinture noire. On s'y attendait un peut, c'est sur l'affiche. Il ressort et vient s'égoutter au dessus d'une toile blanche. Il se roule dessus. Fin, salutation, applaudissements.
Je crois que c'était à vivre, ça ne rend pas bien quand j'en parle comme ça... Mais on est resté jusqu'à la fin, c'est que quelque part on a été intrigués.
Une fois dans sa vie comme on m’a très justement dit.
Pour assister à la performance qui s'intitule Ligne de Front, on se fait guider jusqu'au parc derrière l'église de Saint Ouen. On s'assied sur des bâches, devant nous des panneaux de bois, un petit ampli de guitare sur la gauche, et cette impression qui revient régulièrement mais qu'on essaye de ne pas exprimer à trop haute voix : "qu'est-ce qu'on fout là? on va se faire chier!".
A la première question, soit "qu'est-ce qu'on fout là?" je réponds : C'est Serge Teyssot-Gay le guitariste. Le mec a un putain de pédigrée, c'est le guitariste de Noir Désir. Outre avoir fait kiffer plusieurs générations de lycéens, dont je fais partie, le guitar-hero français a depuis plusieurs années commis un certain nombre de disques, projets, concerts super intéressants, super inventifs. Pèle mêle, parmi mes préférés : des disques de rap avec la chanteuse Casey, un ciné-concert autour du film le Cabinet du Dr Caligari, des disques avec le joueur de oud syrien Khaled Aljaramani,... Si Sergio a pu me faire apprécier autant d'univers différents tout en y imprimant sa propre personnalité, je suis prêt à lui faire confiance pour m’intéresser à la peinture.
En 1997 sort le maxi L'Homme Pressé de Noir Désir. sur la pochette, la photo d'une peinture de gros bonhomme. On a du mal à en définir l'échelle, mais ça dégage beaucoup de puissance. Au moins autant que la chanson qui est illustrée. C'est une peinture de Paul Bloas. C'est le même Paul Bloas qui commence à esquisser ses peintures sous nos yeux ce soir. Un morceau de charbon au bout d'un manche à balai pour dessiner sur toute la hauteur des deux panneaux de bois de trois mètres de haut.
Serge Teyssot-Gay improvise dans son coin, guitare saturée, abrasive. Même si c'est pour lui que je suis venu, je ne tarde pas à le quitter des yeux pour regarder le peintre grimper sur son escabeau, appliquer des peintures aux couleurs vives à grands coups de brosse, faire naître des expressions et des émotions sous son pinceau, mélanger les couleurs dans un bol avant de les appliquer avec de grands gestes vengeurs sur les deux géants qui se dressent devant nous.
Et tout à coup, presque par surprise, c'est fini. Paul Bloas repose ses pinceaux, il salue avec Serge Teyssot-Gay, on applaudit, encore hypnotisés. Donc à l'affirmation du début "On va se faire chier!" on répond : pas tant que ça. J'ai même passé un excellent moment
Les Corbeaux
Retour à l'Espace 1789 de Saint-Ouen. On hésite longtemps avant de rentrer. Entrés parmi les derniers, on se trouve deux places dans les premiers rangs, mais pas trop loin des escaliers histoire de pouvoir foutre le camp en vitesse.
J'ai plein de disques d'Akosh S.. Je l'ai découvert, lui aussi grâce à Noir Désir, à l'album 666667 Club sur lequel il joue, notamment sur l'incroyable intro instrumentale. Bertrant Cantat chante sur certains de ses albums, et j'ai assisté à plusieurs de ces concerts dans les sous sol enfumés des cafés parisiens. Alors j'ai envie de donné une chance à ce projet qu'il nous présente, même si j'ai un apriori super négatif sur la création de Nadj, Les Corbeaux : sur l'affiche un mec danse recouvert de pétrole gluant.
Il y a Akosh S. au milieu de la scène, il fait sortir les bruits les plus improbables de son saxophone. A sa droite des dessins apparaissent sur un écran de papier blanc. Ça sent très fort la bombe aérosol. On voit l'ombre du danseur qui peint sur la toile qui défile devant lui. Bizarrement, on n'applaudit pas quand le danseur et le saxophoniste viennent en avant scène jouer avec des culasses d’obus et du sable. Ça fait un peu de bruit quand le sable coule sur les culs d'obus.
Puis Akosh joue des percus et d'un genre de contrebasse démontée et montée sur une table basse. Le danseur, après beaucoup de gestes affectés se plonge dans un tonneau rempli de peinture noire. On s'y attendait un peut, c'est sur l'affiche. Il ressort et vient s'égoutter au dessus d'une toile blanche. Il se roule dessus. Fin, salutation, applaudissements.
Je crois que c'était à vivre, ça ne rend pas bien quand j'en parle comme ça... Mais on est resté jusqu'à la fin, c'est que quelque part on a été intrigués.
Une fois dans sa vie comme on m’a très justement dit.