Je me prépare à ce concert de folk bien assis dans les grands
fauteuils confortables du cinéma Jean Vigo. Il y a de la place pour les
jambes, de la place sur les accoudoirs. Je suis prêt à partir pour
l’Amérique profonde, celle des rednecks, des hillbillies. Avec le Français d'adoption texane Baptiste W. Hamon pour commencer puis avec le songwriter texan pur jus Eric Taylor.
Baptiste W. Hamon porte une fière moustache, une chemise à carreaux, et la
casquette de camionneur de rigueur pour un redneck d'adoption. Ce soir il
est accompagné de son guitariste. Si la musique est folk, d'inspiration
bluegrass, les paroles sont toutes en français. Avec une naïveté et une
sensibilité à fleur de peau, Baptiste W. Hamon nous chante de sa voix presque
enfantine la fin de l’adolescence, les filles qui vous quittent et les
copains avec qui on boit de l'alcool.
Eric Taylor est un gentleman. Si le cliché veux que le Texan soit du genre à se
moucher dans ses doigts, Eric Taylor n'est pas ce ceux-là. Il s'excuse même quand il
doit lever son majeur pour jouer un accord.
Souvent empreints de mélancolie, les textes s’appuient sur un accompagnement délicat, envoûtant. La guitare de Eric Taylor, dont il s'accompagne pendant qu'il chante, mais aussi les magnifiques gémissements de la lap-steel guitare aérienne qui l'accompagne.
Pendant deux sets de 50 minutes, Eric Taylor choisit ses chansons dans son song book, introduit la chanson par une anecdote personnelle, boit une gorgée de vin rouge avant de commencer à chanter. Ça donne ces moments de grâce où il nous dit : "La vie n'est pas ce que tu veux. La vie est ce qu'elle est... *Snap* Just like that you're gone!"
J'ai le grand plaisir d'avoir acheté un exemplaire du disque Studio 10, qu'Eric Taylor à sorti en 2013. Un recueil de chansons dédiées à ses amis décédés, aux musiciens et aux gens qu'Eric Taylor a rencontrés tout au long de sa carrière. Un disque poignant de justesse, universel tant il est personnel.