Mouss et Hakim - Cabaret Sauvage - 14 novembre 2010

Ça a mal commencé, en supprimant les e-mails de ma corbeille spam, il me semble deviner du coin de l’œil que je viens de supprimer un mail d’invitation pour la soirée Carte Blanche à Mouss et Hakim… Passé un premier temps pendant lequel je me bouffe les couilles, je renvois un mail aux adresses des concours auquel j’ai participé en expliquant mon désarroi. J’avais bien lu, une personne de l’Huma me renvois un mail confirmant que je fais partis des invités. Je copierais cent fois "Je ne clic pas plus vite que mon ombre"!


La soirée à débutée avec l’acteur Reda Kateb, pour une session de slam accompagné par DJ Boulaone. Pour ce que j’ai reconnu des textes dit, ils étaient de Kateb Yacine. Nedjma, par exemple, tiré du roman du même nom, ou Bonjour, texte qui à également été mis en musique par Amazigh Kateb sur son excellent album « Marchez Noir ».
(Oui, ils s’appellent tous Kateb dans l’histoire. Reda Kateb est le neveu de Yacine Kateb, Amazigh est le fils de Yacine Kateb, donc le cousin de Reda…)
La musique de DJ Boulaone est assez déstructurée, pleine d’ambiances, elle s’accorde très bien avec les textes fragments et lourdement évocateurs de Kateb Yacine. L’auteur a été journaliste, poète, anticolonialiste puis engagé pour la reconnaissance de la culture berbère en Algérie.


Mouss et Hakim et leurs musiciens arrivent sur scène précédés d’un parfum de liberté et d’insoumission qui se consomme roulé entre deux feuilles. Ils commencent avec Une Petite Histoire, tiré du deuxième album des 100% Collègues, pas vraiment le titre le plus connu de leur discographie, mais néanmoins très efficace pour faire danser une salle. La formation du groupe qui joue ce soir est grosse modo l’héritière directe de 100% Collègues.
C’est Par Ma Mère, la chanson suivante est sortie quand a elle sur le premier album solo de Magyd Cherfi, parolier de Zebda, parolier de Mouss et Hakim, parolier de 100% Collègues, parolier de lui même… Une chanson de leur pote leur plait, ils la chantent !
S’ensuit On Est Venu, une footballistique chanson de Magyd également. Trois d’affilé alors que l’on vient d’apprendre que Zebda vas se reformer, ça met en train.
On passe à un mode plus mélancolique avec la chanson Maison Blanche de Cheik El Hasnaoui, une chanson des années 30 dans laquelle le chanteur exprime sa tristesse en voyant les habitants de son pays choisir de s’exiler pour la France. La « Maison Blanche » fait référence à l’aéroport d’Alger de l’époque, rien à voir avec Washington.

Je l’ai vécu pendant d’autres concerts d’Origines Contrôlée, les reprises de classiques du répertoire de l’immigration algérienne chantés par Mouss et Hakim suffisent à chatouiller notre fibre berbère. Surtout quand le public est déjà suffisamment berbère pour pas avoir à se la faire chatouiller. Mais alors, quand Aït Menguelet est arrivé… Instantanément le fibre berbère du public c’est mise a bouillir. Il est venu avec un oudiste et son fils à la derbouka. Ils ont joué deux titres avec les musiciens de Mouss et Hakim, Mazel et Sobra Youliw. Deux titres pleins d’émotion. Lounis Aït Menguelet chante encouragé par la ferveur de son public.
Mouss et Hakim n’en reviennent pas d’avoir chanté avec une de leurs idoles… une idole de leurs parents.
Ils sont encore plus émus quant Aït Menguellet reviens a l’improviste pour les féliciter après qu'ils aient joué une autre chanson de son répertoire « Je voudrais remercier Mouss et Hakim... Que de talent! On est vraiment fier d'avoir des jeunes comme eux. Je les remercie de tout chœur, non seulement pour leur invitation , mais pour tout ce qu'ils font. Je leur dit bon vent et bon courage, je suis sur qu'ils irons de l'avant, toujours. »
Tout le groupe est très impressionné. Il se passe quelques minutes avant que le concert ne reprenne. Mouss et Hakim sont rouges d’émotion.

Fredo des Ogres de Barback est passé chanter sur La Carte De Résidence de Slimane Azem. Les Ogre, j’aime leurs engagements, les groupes dont ils sont proches, mais j’ai jamais accroché leurs albums. En partie a cause de la voix de la manière qu’a Fredo de chanter.
Mais je devais être a peut prés le seul sceptique. A par moi, tout le monde a bien aimé!!

Un peut plus tard c’est Magyd Cherfi qui est venu chanter. Trois titres de Zebda, Mon Père M’a Dit, Ma Rue, et Oualalaradime. Ce que ça fait chaud au cœur de les voir à nouveau chanter ensemble. J’ai adoré la carrière solo de Magyd, le parcoure musicale engagé de Mouss et Hakim pendant ces dix dernières années, mais revoir Zebda c’est une bouffée de nostalgie qui me réchauffe le chœur ! En 1998 j’étais pas à Barcelone et la Mano Negra n’était pas encore ressuscitée en Radio Bemba, mais au moins on avais Zebda.

Mouss et Hakim ont fait valser le Cabaret Sauvage avec L’Estaca de Lluis Llach, un bon moyen de rappeler à un antifascisme résistant. Et fort à propos ils ont appelé HK et Saïdou du MAP à les rejoindre sur scène pour Manich Mena et nous présenter leurs Salutations Révolutionnaires :
« Quand faut y’aller faut y’aller
Unis et solidaires derrière la même bannière
Lève le poing refuse ce bond en arrière
Ne pas baisser les bras face à toute cette misère
Quand faut y’aller faut y’aller

Tant qu’il m’restera un souffle de vie sur cette Terre
Compte pas sur moi pour me taire»

C’est à peut prés le sens des chansons suivantes. Bella Ciao et Motivé-e-s. En Italie comme en France il a fallut et il faut encore luter contre le fascisme et l’intégrisme. Y’a pas d’arrangement ! Ils finissent par Kazak, un titre de Jean-Luc Amestoy, l’accordéoniste de renom qui les accompagne depuis 100% Collègues.

Applaudissements fervents. Mouss et Hakim reviennent pour de longs rappels. Des titres du répertoire de l’immigration du disque Origine Contrôlée, puis Magyd Cherfi les rejoints à nouveau pour Pas d’Arrangements et Tomber la Chemise, le titre qui à provoqué le malaise du groupe. Tellement il a bien marché qu’ils se sont séparés (temporairement) pour cause de trop grand succès, trop populaire !

Adieu la France clôt la soirée, cet hymne à ceux qui rentrent au pays pendant les vacances. Repris en chœur par un public toujours présent après les trois heures de qu’ont durées le concert de Mouss et Hakim. Ils savent mouiller le maillot !



Mouss et Hakim avec Aït Menguelet en invité. Vidéo!

Sly Johnson - Tamanoir, Gennevilliers - 20 janvier 2011

Une nouvelle très agréable soirée au Tamanoir avec le concert de Sly Johnson.

Une première partie agréable, Meeting Quotation, un groupe de pop acoustique qui louche vers des ambiances trip-hop. La technique de chant de la chanteuse, qui chante toutes les chansons en anglais rappel les chants irlandais. La chanteuse et le guitariste usent (parfois maladroitement, quelques vilains larsens nous ont vrillé les oreilles) de boucles qu’ils créent eux même.

Sly Johnson est un ancien du Saïan Supa Crew, branche Simple Spirit. Plus récemment il à collaboré avec Erik Truffaz, le trompettiste de jazz suisse qui n’en finis pas d’être intéressant. Ils ont réalisé un album entièrement à base de trompette et de beatboxing, Paris.

Accompagné d’un batteur, un guitariste, un clavier à l'orgue Hammond, une basse et d’une magnifique choriste à la voix de sirène (en vérité, je ne sais plus quelle voix elle avait, mais elle était très très belle), Sly Johnson chante une soul en anglais avec un accent parfait. Je pense à Otis Redding, notamment parce qu’il reprend Fa, Fa, Fa. Show man, Sly fait reprendre en chœur le public clairsemé du Tamanoir. Ça fait Fa-fa-fafafafaaa Fa.

D’une manière générale, il a un très bon contact avec le public, il est de plus en plus chaleureux au fil du concert et nous avoue même être un peut déçut qu’il n’y ait pas plus de monde. « On m’a mythonné. Cet après midi on m’a dit que c’était complet. » Et la salle est loin d’être pleine. Mais la chaleur du public semble compenser et le groupe est détendu. Ça blague beaucoup sur scène. Tout le monde à le sourire, sur scène comme dans la salle.

Moment de bravoure, Sly nous présente La Machine… Quelqu’un d’extrêmement impoli et dont les initiales sont J.J.L.F hurle « A poil la machine »… « Elle ne veut pas ! » répond Sly au perturbateur. La Machine c’est un sampler relié à des pédales d’effets qui permettent de créer des boucles. Sly Johnson improvise, part même plus loin que ce qu’il avait prévus dans ses impros. Il s’arrête, s’excuse, demande les prénoms de quelques spectateurs et repart sur une impro en se servant des prénoms récoltés. Il est très charismatique seul sur scène avec sa machine entouré de la musique complexe qu’il vient de créer devant nous.