La Kora Dans Tous Ses Etats - Clichy - 9 octobre 2010

affiche festivalL'année dernière le festival La Kora Dans Tous Ses Etats de Clichy avais été formidable. Extraordinaire. J'ai pas assez de mots pour dire a quel point ça avais été bien. Notamment parce que ça se passait dans une petite salle. La salle était bondée, mais intimiste. Et puis les pointures programmées : Ballaké Sissoko et Cheick Tidiane Seck avaient jammé, ou tapé le bœuf comme on dit! Ça avait été un instant magique.

Alors l'attente était grande pour l'édition de cette année. Un peut trop grande peut-être.

Au lieu de la salle intimiste, mais trop petite, de l'espace Henry Miller, cette année l'association Korafoll'art à eu accès au magnifique théâtre Rutebeuf pour organiser sa troisième soirée autour de la kora. Les organisateurs et bénévoles de l'asso ont fait de grand efforts pour rendre la soirée profitable à tous. Ils avaient dégagé un espace devant la scène pour que l'on puisse venir y danser, des plats et boissons d'Afrique de l'ouest...

Kandia Kora et Tamaflo

Kandia KoraPour le premier morceau seul Kandia Kora et Mamoudou Cissoko sont sur scène. Deux kora qui se répondent. On est dans l'ambiance. C'est une magnifique entrée en matière que d'entendre le son de la kora nu, sans artifices. Les notes s'égrainent comme le son des étoiles. Puis Kandia Kora c'est mis debout, seul sur scène face à la grande salle. Il a chanté d'une voix profonde, précise et envoutante, chargée d'émotions et timide a la fois. Et nous avons voyagé a travers sa voix, à travers son chant.

C'est presque avec regret que je voyais son groupe entrer en scène pour le morceau suivant : une deuxième kora, une basse et une batterie puis un mec aux djembé. Mais Tamaflo s'y est bien pris et il a sus réveiller la salle trop confortablement installé dans de confortables sièges de velours rouge tout en prolongeant le rêve. Les mélodies restent mélancoliques jusqu'au break de la première chanson. Là, la fête commence...

Tamaflo
Avec le groupe la musique se teinte de reggae. Les chansons ont des thèmes universels. L'écologie et le respect de la terre, et au travers elle des traditions (la chanson Dunya). Ou bien l'immigration. Ils dénoncent le principe d'immigration choisie.

On prend le temps de se régaler de mafé et de jus de bissap pendant que la scène est changée pour accueillir le groupe suivant.

Djeour Cissokho et Allalake

Djeour Cissokho
Dés le début du concert on sent que le jeu de kora est plus classique, plus traditionnel. Derrière Djeour Cissokho, leader aux airs de vieux patriarche, le groupe Allalake est nettement plus jeune. Djeour Ciccokho est un griot il se présente sur scène drapé dans la splendeur de ses ancêtres (son père Soundioulou Cissokho était surnommé le "roi de la kora"), guitare, balafon et percussions l'accompagne.

Un vieux larsen vient s'installer. Le larsen c'est un peut comme le pote d'un pote qui s'invite à une fête et qui passe la soirée à dévaliser le frigo. On essaye de faire comme si il n'était pas là, mais au final il te pourrit la soirée (sic Magyd Cherfi à un show case de Zebda à la fnac Champs Élysée circa 1998). Bon, là, la grosse enflure qui se bâfre dans le frigo est restée pendant tout le concert. Djeour Cissokho le prend avec philosophie : "C'est la fête non? Y'a pas de solution".

Allalake
Est-ce que c'est la pause qui a été trop longue, la salle qui est trop grande? Toujours est-il qu'on ne retrouvait pas le même niveau d'énergie qu'à la fin du concert précédant. Pourtant les mélodies sont rythmées et entêtantes.

Un jus, menthe-gingembre cette fois ci pour patienter. Le piquant du gingembre brule la bouche un peut comme un alcool fort. C'est très agréable.

N'Faly Kouyate et Dunyakan

N'Faly KouyateLa particularité de Dunyakan c'est qu'ils sont Belges c'est que c'est un groupe métissé. Des blancs et des noirs, mais aussi des femmes. Une fille à la danse et aux chœurs, et une fille à la percussion. Le reste du groupe est le traditionnel trio guitare-basse-batterie et N'Faly Kouyate leader, griot à la kora et parfois au balafon.

N'Faly Kouyate à un énorme charisme qui n'a d'égale que son professionnalisme. Ce qui n'est guère étonnant quand on apprend qu'il fait partis de l'Afro Celt Sound System, super-groupe de world qui mélange toutes sortes de musiques traditionnelles et pop occidentale.

DunyakanN'Faly Kouyate est issus d'une famille de griot. C'est sans doute pourquoi le spectacle qu'il nous a présenté avec son groupe Dunyakan est celui d'un conteur. Entre chaque morceaux il prenais le temps de nous expliquer la signification de celui-ci et du message qu'il entend faire passer a travers lui. Et comme par griot on peut entendre conteur mais aussi sage, les messages délivrés par les chansons sont des messages d'amour, de paix, il condamne la discrimination faite aux femmes et nous parle longuement du pays Mandingue et de son fonctionnement par caste.

Il est aussi un sacré ambianceur. Vers la fin du concert il fait passé son boubou par dessus sa tête, dessous il porte un pantalon baggy et un débardeur très streetwear et il saute dans tous les sens en chantant. Et tous ceux qui n'ont pas d'enfant endormis sur leurs genoux à la fin du concert se retrouvent au pied de la salle à danser.