EZ3kiel - Dorian and the Dawn Riders - 30 novembre 2014 - EMB


En proposant à leur public de découvrir la musique aérienne, sombre et extrêmement attachante de Dorian and the Dawn Riders, EZ3kiel ne se sont pas trompés dans le casting. Continuant leurs recherches dans le domaine d'un concert rock absolu, EZ3kiel innove tant musicalement que scéniquement. J'ai assisté à un concert de science fiction. Inoubliable.


Dorian and the Dawn Riders


Il entre sur une scène encombrée par le matériel de EZ3kiel, contourne la batterie, se faufile entre les retours. Il porte un pantalon en jean déchiré, une chemise en jean sur un pompe la sueur blanc, un chapeau sur la tête, des tresses s'en échappent, bracelets, tatoué, barbu, l'homme est concentré et habité. Un Jim Morrison métissé. Fender Stratocaster green surf en bandoulière, il trouve sa place entre son sampler Roland SP555 et son micro, éclairé par les extraits de films qui sont projetés en fond de scène.

Les films sur lesquels le chanteur/musicien projette son ombre mettent en scène des femmes. Beaucoup de femmes de tous les âges, filmés durant toutes les époques du XXéme siècle, des femmes qui fument, qui enfilent des bas, qui se roulent dans l'herbe, échangent leurs vêtements... Ou des chouettes. De chouettes chouettes filmées en plein vol. C'est très poétique comme mise en scène. tout à fait en accord avec la musique mélancolique de Dorian an the Down Riders.

Je me pose un instant la question de savoir quelle est la prise de risque de l'artiste à se mettre en scène entouré par des samples. Mais mon doute est rapidement pulvérisé par la voix écorchée vive, traînante, saisissante de du chanteur qui s'accompagne nonchalamment de quelques accords à  la guitare.









EZ3kiel

Comme j'avais envie de profiter de la proximité avec la technologie de pointe qu'EZ3kiel a mise en place dans son installation scénique je me suis installé tout près de la scène. Si près que j'entends les baguettes sur les pads avant que le sample ne soit joué dans les enceintes de la magnifique scène de l'EMB.

Les morceaux joués ce soir ont été composés spécialement pour réagir avec l'installation lumineuse, robotisée, mécanique, électronique, bidouillée, hackée, composée et créée par l'artiste Yann Nguema qui a quitté la basse en front de scène d'EZ3kiel pour une place en régie d'où il pilote son œuvre et chorégraphie sa création technologique.

Comme dans les romans de Philippe K Dick, dans un concert de EZ3kiel, la technologie est omniprésente et on se pose la question de son influence sur l'humain. Pourtant c'est l'humain qui est au centre, l'organique qui, comme un virus infestant la matrice donne le grain de folie du spectacle, le pousse sur la corde raide. Comme pendant ce passage où la lumière réagit aux coups de baguettes du batteurs sur les pads électroniques. Le musicien est l'élément central de l'installation et la technologie est à la fois l’œuvre et le prolongement de l'artiste.

La musique d'EZ3kiel est toujours ce mix entre électro, indus, et rock furieux. Guitare, basse, batterie, sauf qu'ils ont tous les trois une bardée de samplers, claviers pour modifier, triturer, retravailler les sons des machines ou de leurs instruments. Les morceaux de Naphtaline tintinnabulent comme une composition d'Arvo Pärt et viennent aérer les univers lourds et claustrophobiques des nouveaux morceaux trio.

A ce stade d'excellence je les regarde, c'est un spectacle grandiose, du rock plein d'émotion, de l'électro organique, pourtant, ça à l'air facile.