Ramoneurs de Menhirs et Louise Ebrel - Argenteuil - 18 septembre 2010

En rédigeant la review du concert au Glazart, j'ai appris que les Ramoneurs avaient sortis un nouvel album, "Amzer an Dispac'h!", que je me suis empressé de schtroumpfer... Quelle claque. Une bonne partie des morceaux du nouveau CD avaient été joués au Glazart. Sur l'album beaucoup de chansons sont chantées par Louise Ebrel. Louise Ebrel, 78 ans, mémoire du trad breton et plus particulièrement du chant kan ha diskan, fille d'Eugénie Goadec, actrice de la renaissance de la tradition bretonne au milieu des années 70. Mais elle est aussi parmi ceux qui font vivre cette tradition en continuant à l'écrire, en la faisant vivre dans le monde d'aujourd'hui. On peut citer ces collaboration avec Denez Prigent, un chanteur qui métisse le chant breton avec la musique électronique, le groupe de rock Red Cardel ou encore les keupons des Ramoneurs de Menhirs.

Donc quand j'ai vu qu'il y avait un fest noz annoncé à Argenteuil avec les Ramoneurs et Louise Ebrel, je me suis dit que ça devait être quelque chose de bien sympathique à voir. Et en effet, un fest noz en banlieue c'est autre chose qu'un concert à Paris.


Ramoneurs de MenhirsUne salle immense, bondée de danseurs. 2 000 danseurs qui rebondissent au rythme d'une gavotte. De loin on ne voyait que les têtes qui sautaient toutes au même moment, la salle entière qui pulsait littéralement au rythme de la musique. Impressionnant. En plus des danseurs, il devait bien y avoir un millier de personne autour de l'immense parquet. Certains attablé devant un far ou une crêpe, un cidre ou un kir, d'autres reprenant leur souffre après avoir parcourus la salle à un rythme effréné lors d'un an dro d'anthologie. Aussi pas mal de punk, reconnaissables à leurs perfectos en cuir et leur air gauche de petit garçon qui ce demande ce qu'il fait là quand ils tombent dans une embuscade qui les amènes dans un cercle circassien (ça m'est arrivé... c'est revenu petit à petit, j'ai pas trop massacré de pieds, je crois). Les plus malins s'arsouillent au chouchenn au bar en se foutant de la gueule de leurs potes.

Louise EbrelSur scène s'enchainent groupes de rock bretonnant et trad, 45 minutes environs chacun, je ne retiens pas les noms, le spectacle est dans la salle. Les moments qui m'accrochent le plus c'est pendant les changements de plateau. En avant scène, devant les rideaux de velours rouge prennent place deux sonneurs, biniou-bombarde ou deux chanteurs, Louise Ebrel et Ifig Flatrès, pour quelque kan ha diskan. Et je constate que ce ne sont pas les groupe avec leur section rythmique basse/batterie qui tiennent le mieux la cadence sur la longueur. C'est bouleversant de voir ces deux totos là-bas tout petits sur scène sous cet éclairage crus faire danser autant de monde.


Loran, Ramoneurs de Menhirs23 heures passés, le rideau se ferme sur un autre groupe de rock breton, probablement Kazdall. Pendant que Louise Ebrel prend un nouveau tour de chant, on entend une guitare rugir... tout ce que la salle compte de piercés, chevelus, cranes rasés, crêtes, tatoués et autres rockeurs bourrés se rapproche de la scène. Louise Ebrel continue de chanter. Même quand un gravos montre sur la scène pour faire le con à coté d'elle, elle te le vire fissa, sans le moindre hoquet et surtout sans cesser de chanter. Si on tournait la tête à se moment là on ne s'apercevait de rien.

Quand le rideau se rouvre, les Ramoneurs sont en scène, prés à en découdre. Ils commencent comme au Glazart par "Edan Ur Blez" et l'intro de Loran : "Nous sommes les enfants de la terre et du vent, on s'appelle les Ramoneurs de Menhirs et on chante pour la Bretagne libre". Hurlements de bourrins et début de pogo dés les premiers beats de la boîte-à-rythme. A quelques mètres de là, les danseurs se remettent en chaîne, pour une laride. On peut empêcher un punk de pogoter, mais pas un breton de gavotter.

Au bout de quelques morceaux Maurice Jouanno, le chanteur qui accompagnais déjà les Ramoneurs la dernière fois laisse le micro à Louise Ebrel qui resteras chanter avec les ramoneurs jusqu'à la fin du concert. Toujours autant a l'aise que tout à l'heure elle chante le répertoire plus ou moins traditionnel des Ramoneurs. Pour ce set ils ont choisit les morceaux les plus bretons de leur répertoire. C'est jubilatoire de l'entendre sur "Marijanig", ce nouvel hymne à la dépénalisation. Puis un nouveau mec tout bourré vient se jeter à ses pieds, il se roule sur scène en hurlant. Elle te le jette en bas de la scène et te l'engueulant... j'aurais pas aimé être à ça place. Ça m'a moins fait flippé pour lui quand les mecs de la sécurité sont venus le foutre dehors.

Ramoneurs de MenhirsLe pogo bien sympathique, pas de coups de vicelards. A plusieurs reprises des farandoles de danseurs trad passent au milieu de la cohue et entrainent plusieurs pogoteurs vers une autre forme de danse. J'ai toujours la satisfaction d'une grande bouffée d'anti-sarkozysme à l'écoute de "Breizhistans" : "Sarkozy, Er Maez". Après un set de 45 minutes les Ramoneurs quittent déjà la scène.

Deux sonneurs reprennent place devant le rideau. On va s'envoyer une bolée au bar. L'occasion aussi d'acheter les deux cd des ramoneurs. Enfin. Comme je l'ai déjà entendu dire, schtroumpfer c'est découvrir, acheter c'est soutenir. Je me serais même fendu d'un t-shirt si ils leurs en avait resté à ma taille.